« Genre et sexualités » : un colloque organisé par le GenERE
Encore un colloque passionnant, ouvert à tou-te-s, et gratuit.
Voici la présentation :
Si genre et sexualité
semblent aller de pair, notamment dans le sens commun qui postule un certain
alignement entre sexe, genre et sexualité[1], ce lien ne va en réalité pas de
soi. La pensée féministe s’est en effet d’abord attachée à distinguer ces deux
réalités, afin notamment d’aller à rebours du sens commun qui tend à
« tout mélanger »[2]. Ainsi, penser les rapports
entre genre et sexualité exige d’abord de les considérer comme choses
distinctes. On peut alors définir la sexualité comme 1) une institution qui
hiérarchise les sexes et les pratiques et préférences sexuelles, 2) une
expérience, un ensemble de pratiques, et 3) des identités sociales et
politiques[3]. Consacrer une journée d’étude
à ce sujet semble donc particulièrement intéressant pour une structure
pluridisciplinaire comme la nôtre. Comment articuler ces trois dimensions et
comment recoupent-elles ou traversent-elles les sciences ? Le simple fait
de caractériser ou non quelque chose comme étant sexuel implique des enjeux
normatifs (juridiques, philosophiques) et méthodologiques. Certaines
catégories, comme l’hétérosexualité, l’homosexualité ou encore la bisexualité,
sont relativement récentes et méritent d’être replacées dans une histoire –
leurs frontières étant sans cesse négociées et redéfinies par les pratiques et
les acteurs (par exemple, les personnes asexuelles demandent à ce que
l’asexualité soit reconnue comme une orientation sexuelle). En invitant des
chercheuses et chercheurs, issu·e·s de disciplines différentes et travaillant
sur la ou les sexualités, à présenter leurs travaux, mais également à en
discuter conjointement autour d’une table ronde, nous nous proposons d’amorcer
un échange qui nous permettra de croiser les regards sur ce sujet intime,
social et politique.
Afin de mener au mieux ces
journées, il nous est apparu pertinent de les articuler autour de différentes
interrogations : questionner le contexte (où et quand ?) des
pratiques en fonction du genre semble primordial, autant que la réflexion sur
ses relations avec les modalités mêmes de cette pratique (l’influence du genre
sur la manière de faire l’amour). Il s’agira aussi de voir comment les choix
sexuels sont faits par les individus (avec qui ?), avant de s’intéresser
aux conséquences genrées (et après ?) de ces choix, que ces conséquences
soient liées à l’orientation sexuelle, aux relations à l’identité perçue ou
assignée, ou aux partenaires choisi·e·s.
[1] BUTLER Judith, Trouble
dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La
Découverte, 2005 (1990), pp. 67-70 notamment.
[2] DELPHY Christine, L’Ennemi
principal. 2. Penser le genre, Paris, Syllepse, 2001 (1991), p.
44.
[3] JACKSON Stevi,
« Récents débats sur l’hétérosexualité. Une approche féministe matérialiste », Nouvelles
questions féministes, vol. 17, n° 3, 1996, p.14.
Et voilà le programme (prévisionnel) :
Jeudi 11 décembre 2014
10h30 : Introduction (membres de GenERe)
10h45-12h15 Matin : Où et quand ?
Michèle Rosellini (Lettres modernes) : Le concept de
« scène sexuelle »
Pascale-Marie Milan (Anthropologie) : « Il n’y a
pas de mariage, les hommes visitent les femmes la nuit. Mais pour les touristes
c’est 16h-00h! »
14h-15h30 Après-midi : Comment ?
Anne Verjus (Sciences politiques)
: Des pratiques sexuelles transgressives des normes de genre : oui mais de
quelles normes ?
Isabelle Clair (Sociologie) : Les conflits
conjugaux. Entre mise en scène ludique et réitération de l’ordre du genre
16h-17h
Nicolas Faynot (Anthropologie) : Jongler entre
performance et abstinence; à propos de parcours sexuels d’hommes sénégalais
multipartenaires
Vendredi 12 décembre
2014
10h-11h
Michel Bozon (Sociologie) : L’âge de la
sexualité, une forme d’emprise du genre
11h-12h30 Matin : Avec qui ?
Michel Senellart (Philosophie) : Sexualité et
sexe dans La volonté de savoir de Foucault
Jeanne Bovet (Biologie) : Choix du
partenaire, attractivité féminine et évolution humaine
14h-15h30 Après-midi : Et après ?
Pierre Albertini (Histoire) : L’homophobie en
France et en Angleterre, une évolution paradoxale, 1960-2014
Angeline Durand-Vallot (Civilisation américaine) : De
la contraception à l’avortement : les droits reproductifs des femmes aux
Etats-Unis
16h-18h : Clôture
Louis-Georges Tin, « L’invention de la
culture hétérosexuelle » (sous réserve)
Tout ça se passe à l’ENS de Lyon, site
Monod (46 allée d’Italie, 69007 Lyon),
Jeudi 11 décembre : salle des
conférences (de 10h30 à 17h)
Vendredi 12 décembre : salle des
conférences le matin (de 10h à 12h30) puis salle des thèses l’après-midi
(14h-18h).