Bien fait !
Il
est pas trognon, ce petit vieux avec ses chaussons pour bébé tricotés
main ?
Et
bien imaginez que vous êtes une femme.
Imaginez
que vous venez dans un hôpital ou un centre de planification pour interrompre
une grossesse non désirée.
Imaginez
qu’à votre arrivée, une bande d’illuminé-e-s à chapelets se mette en travers de
votre chemin pour vous dissuader d’avorter, qu’ils/elles cherchent à vous
culpabiliser, vous tendent les petits chaussons précités ainsi qu’une médaille
de la Vierge, et débitent des prières pour les âmes des fœtus assassinés…
… Et
tout de suite il paraît moins sympathique, le bonhomme.
D’ailleurs,
il vient de se prendre une amende de10 000 € (d’où le titre de l’article)
pour entrave à l’IVG. Ancien médecin,
militant catholique et d’extrême-droite, Xavier Dor n’en est pas à sa 1ère
condamnation. Ceux et celles qui ont connu, au début des années 90, la période
des « commandos anti-IVG »
connaissent déjà le personnage. (Les plus
jeunes, si vous êtes sages, vous aurez peut-être droit un jour à un article de
la fameuse rubrique Féministosaure pour vous remettre dans l’ambiance de
l’époque…). La plupart de ces groupes qui s’enchaînaient aux tables
d’opération, dé-stérilisaient le matériel ou empêchaient le fonctionnement des
services en s’agenouillant pour prier se sont calmés après qu’ait été voté en
1993 le « délit d’entrave à l’IVG » (loi Neiertz). Mais même s’ils ne peuvent plus pénétrer dans les
hôpitaux, certains groupes ont continué à manifester devant les établissements.
Surtout, les opposants au droit à l’IVG ont développé d’autres stratégies,
notamment en investissant Internet : sites faussement neutres qui visent à
dissuader d’avorter, achat de liens pour que leurs références apparaissent dès
qu’on tape les mots-clés « IVG », « avortement »,
« Centre de planification »…Le gouvernement soutient d’ailleurs une
extension du délit d’entrave, qui pourrait inclure la diffusion de fausses
informations sur l’IVG, ou le fait de bloquer les centres d’IVG, même sans
entrer dans les centres (amendement voté au Sénat le 17 septembre dernier).
Néanmoins, quelque soient
les modes d’action des anti-IVG et leur puissance financière, ils/elles restent
très minoritaires politiquement en France. Les menaces qui pèsent aujourd’hui
sur le droit à l’IVG sont plutôt liées aux fermetures des centres, aux manques
de financement de l’Hôpital, aux difficultés d’accès aux soins : et c’est
là-dessus que l’on cherche en vain une vraie volonté politique de la part du
gouvernement en place.
Nous
diffusons ci-dessous le communiqué de presse co-signé par le Planning Familial,
la CADAC et l’ANCIC, parties civiles dans ce procès.
X. Dor à nouveau condamné pour délit d’entrave à l’IVG au TGI de Paris
Ce Lundi 16 septembre, la 31ème chambre du
Tribunal de Grande Instance de Paris vient de rendre son verdict dans le procès
opposant Le Planning Familial 75 à Xavier Dor.
Le verdict vient d’être rendu dans le
procès engagé contre Xavier DOR qui avec d’autres opposants s’était introduit
dans les locaux du Planning Familial 75 les 25 et 26 juin 2012. L’association
avait porté plainte pour « entrave à l’interruption de grossesse par
pressions, menaces ou intimidation du personnel, d’une patiente ou de son
entourage », délit puni par la loi à condition que les personnes puissent
ou osent porter plainte.
Le Planning Familial, l’ANCIC
(Association nationale des Centres d’Interruption Volontaires de Grossesse et
de contraception) et la CADAC (Coordination des associations pour le droit à
l’avortement et à la contraception) s’étaient constituées parties civiles à ce
procès.
Cet opposant actif à l’avortement a déjà
fait l’objet de comparutions et condamnations devant les tribunaux
correctionnels de France pour délit d’entrave à l’IVG : car malgré la loi, il
nie toujours aux femmes le droit à disposer de leur corps et d’exercer leur libre
choix en matière de sexualité, de contraception et d’avortement.
Le verdict rendu aujourd’hui condamne
ces agissements et réaffirme que ce droit inscrit dans la loi depuis presque 40
ans ne peut plus être bafoué sans vergogne par des opposants qui s’estiment
au-dessus des lois et nuisent ainsi à la société.
Toute femme doit pouvoir avorter
aujourd’hui en France, sans avoir à justifier son choix, sans culpabilisation
ni stigmatisation et quelle que soit sa situation sociale, économique ou
géographique. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place des campagnes
nationales d’information sur la sexualité la contraception et l’avortement
comme celle initiée par le Conseil régional Ile-de-France en partenariat avec
Le Planning Familial, l’Ancic et la Cadac. Cela va de pair avec le
développement de centres de proximité de qualité qui permettent un accès rapide
à l’avortement et la formation adaptée de professionnels-les de santé en
matière de contraception et d’IVG.
Il est temps que ce droit inscrit dans la
loi soit enfin légitime et cesse d’être considéré comme un droit « à part ».
Les associations poursuivront leur combat pour que
toute femme puisse exercer ce choix ici ou ailleurs.