IVG à Lyon : d’où vient le danger ?
Illustrations :
«Le parcours de l’IVG », un jeu interactif créé par le
Planning Familial du Rhône.
Il
y a des mots qui semblent neutres, sans aspérités, presque
sympathiques, qui ne sauraient causer du tort… Il y a des mots qui
sont dans l’air du temps… Il y a des mots qui cachent bien leur
jeu.
« synergie »,
« mutualisation », « qualité »,
« efficacité »… sont les mots qu’utilisent à
longueur de pages et de discours les responsables politiques et
gestionnaires de l’organisation des soins en France. Et derrière
ces mots, il y a un projet politique : la logique à l’œuvre,
notamment depuis la loi HSPT (Hôpital, Santé, Patient, Territoire),
c’est la tarification à l’activité et la notion
d’hôpital-entreprise, une vision libérale de la santé dont les
conséquences concrètes sont :
- de multiples fermetures d’établissements de proximité (on a relayé par exemple la lutte des habitant-e-s pour le maintien des petites maternités),
- des regroupements de structures ou de services, qui peuvent entraîner une véritable pénurie dans l’offre de soins (comme en PACA ou en région parisienne pour les IVG)
- des personnels mis sous pression,
- un renforcement du déséquilibre entre secteur privé et public.
Et
voilà qu’à Lyon, 2 ans à peine après la bataille de
l’Hôtel-Dieu
(une des rares luttes qui a pu empêcher la disparition d’un centre
d’IVG –
peut-être un jour dans la rubrique Féministosaure),
une
menace de restructuration pèse sur 2 centres d’IVG :
Croix-Rousse et de Lyon Sud.
A
l’hôpital de la Croix-Rousse, le projet serait un éclatement du
service pour organiser les hospitalisations en gynécologie.
A
Lyon Sud, les IVG seraient carrément rattachées au service de
chirurgie ambulatoire.
Pourquoi
nous ne voulons pas de cela ??!!
- parce qu’en éclatant les différentes étapes d’une IVG en plusieurs lieux, on rend plus complexe le parcours des femmes, qui sont confrontées à plusieurs environnements et de multiples professionnel-le-s.
- surtout, l’expérience montre que, si le personnel qui accueille les femmes en demande d’IVG n’est pas spécifiquement formé, pas forcément volontaire, on augmente grandement le risque de maltraitance, de jugement, de culpabilisation. La qualité de l’accompagnement – dans un contexte social où l’IVG est un acte dévalorisé, encore tabou – risque de se dégrader.
- parce que l’Histoire montre également que, quand l’IVG est noyée au milieu d’autres activités hospitalières, on risque d’aboutir à une baisse de l’offre de soins : soit que les IVG passent après les autres soins faute d’une forte volonté du personnel ou du (de la) chef de service, soit que, tout simplement, on ne considère pas les IVG comme une « urgence », alors même que la réponse à une demande d’IVG doit être rapide : limite des délais légaux, enjeu du choix de la méthode, souffrance de devoir attendre faute de place quand on a pris la décision d’avorter.
Pour
toutes ces raisons, suite à l’alerte de plusieurs membres des
équipes concernées, le Planning 69 a décidé d’appeler à une
réunion du Collectif
de défense de l’IVG du Rhône,
en veille depuis la lutte de l’Hôtel-Dieu. Ce collectif regroupe
des associations féministes, des syndicats, des organisations
politiques. En font partie également des membres du personnel
hospitalier, qui ont témoigné de leur inquiétude devant les
projets de restructuration qui se succèdent et l’incertitude qui
pèse sur leur travail (sans parler des pressions subies).
Plusieurs
actions ont été décidées :
- Interpeller les élu-e-s sur cette question (élu-e-s locaux, ministres concernés)
- Sensibiliser la population : dans un premier temps répondre à une proposition de Rue89 Lyon qui veut faire un article sur l’IVG à Lyon ; puis faire un communiqué de presse, et envisager d’autres modes d’action
Le
jour même de cette première réunion, nous apprenions que le projet
de Lyon Sud était « ajourné ». Des oreilles bien
placées nous ont informé-e-s que le « remue-ménage »
des associations ne serait pas étranger à cette décision. Ce qui
montre bien que notre vigilance est capitale.
Alors,
même en tongs et bermudas, restons mobilisé-e-s !
Antoinette FonK